« Aujourd’hui, la société moderne nous fait miroiter une image de la sexualité souvent vulgaire et racoleuse, à l’opposé de ce que se vit au sein des couples ». Voilà ce qu’on peut lire comme phrase d’accroche sur la quatrième de couverture. Ce qui est drôle, c’est qu’avec le temps, je me rend compte que je pensais ainsi avant même d’entamer ma vie sexuelle… et ça n’a pas tellement changé aujourd’hui. Sage-femme, sexologue clinicienne et thérapeute de couple, Zina Hamzaoui se confie à travers Chut, hchouma ! (mot utilisé au Maghreb pour évoquer la honte) sur presque dix années d’analyses, cas cliniques et témoignages qu’elle a pu rencontrer. Et en toute transparence, cette nana me fait un grand bien.
J’ai « croisé » la route de Zina Hamzaoui après avoir un regardé une rediffusion d’un live sur la chaine de Asma Fares (je crois) qui parlait de sexualité et religion. Une personne avait vivement recommandé Zina Hamzaoui et, curieuse, je suis allée taper son nom sur Google. Je tombe sur son Instagram en lisant et scrollant ses publications et je me sens bien pour la première fois depuis longtemps. Enfin un compte où on se sent à l’aise et qui sent le professionnalisme. C’est en lisant et écoutant ses podcast que je me suis décidée à acheter son livre.
Etant de confession musulmane, Zina Hamzaoui met en avant le côté spirituel de la sexualité en partant en croisade envers la pudibonderie abusive chez les arabo-musulman.e.s. Ayant été en couple avec un musulman, il est vrai que j’avais un peu ce cliché en tête et pourtant, il était assez ouvert sur la question (et sa famille savait que nous couchions ensemble). Attention, être ouvert.e ne signifie pas être impudique. Ne mélangeons pas tout ! Chut, hchouma ! a justement été conçu dans le but de déconstruire ces idées reçues liées à la culture de la hchouma, culture où l’amour, l’intimité, les émotions et l’affection n’existent pas. Il y a un passage que j’ai particulièrement aimé, celui où elle parle des médecins irrespectueux.euses envers la communauté musulmanes alors qu’être croyant.e ≠ coincé.e comme pudique ≠ coincé.e.
Un livre qui parle à tous !
Chut, hchouma ! parle essentiellement aux musulman.e.s mais est assez inclusif. Homme, femmes, autres, parents, professionnel.le.s de la santé (parce que tous ne sont pas forcément bienveillant.e.s), célibataires ou jeunes marié.e.s et pleins d’autres s’y sentiront inclus.e.s. Que ce soit la vie sexuelle et affective de façon générale. Etant bisexuelle, je ne me suis pas du tout sentie gênée par le caractère hétérocentré du livre. Nous sommes avant tout des être humains et la sexualité parle à n’importe qui. Et personnellement, j’en suis sortie grandie après avoir pris connaissance de la sexualité du point de vue islamique (ou spirituel), ce qui me met plus à l’aise que tout ce que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux. Tiens à ce propos, j’aimerais citer ce passage de la page 27 qui rejoint en grande partie ma pensée :
Et là tu me diras : « Oh mais on fait ce qu’on fait quand même oh ! ». Alors oui, elle ne dit pas le contraire. Sauf qu’elle nous pousse justement à réfléchir sur l’influence de ces sites et comptes. Sommes-nous influencé.e.s ?
Loin de vouloir me mettre complètement à nu sur ma vie personnelle sur ce blog, il est vrai que ces temps-ci, je suis las de cette hypersexualisation sur les réseaux. J’ai fini par me désabonner de tout ces comptes sur le sujet et je me suis sentie libérée de ce poids. Bon, je vais sembler un peu contradictoire aux yeux de certain.e.s vu que j’aime bien lire quelque fois du contenu un peu NSFW ou encore dessiner des choses un peu coquins mais la vulgarité et l’exhibitionnisme niveau sexe, ce n’est pas pour moi. Mais quand j’ai lu ce passage alors que j’étais en pleine période de doutes et de peur, j’ai eu envie de pleurer. Pleurer de joie et soulagement par ce sentiment d’être comprise et que je ne devais en aucun cas complexer. Zina Hamzaoui parle également des dangers du porno (et l’influence des médias sur notre cerveau) et ça mérite vraiment une mûre réflexion qu’un simple « oh tout le monde fait ça, c’est normal ».
Et cela ne touche pas que les femmes mais aussi les hommes qui ont cette pression de la performance par exemple. Zina Hamzaoui pointe également du doigt les injonctions que la société et le regard des autres qui pèsent sur nous en faisant du développement personnel. Grâce à ses conseils et exercices pratiques (et spirituels), elle nous montre qu’on peut avoir une vie sexuelle épanouie en se la réappropriant des biais des magazines, du poids de la société et des réseaux sociaux tout en conciliant une spiritualité (pour les croyant.e.s).
Un livre instructif et bienveillant
Chut, hchouma ! m’a fait du bien, m’a rassurée et m’a fait prendre conscience de certaines choses et particulièrement sur quelques détails de ma vie. Même si je ne suis pas forcément d’accord sur quelques petits points notamment sa vision pessimiste de faire chambre à part (je dors très mal quand je dors à deux et je ne me sens pas obligée de systématiquement dormir avec ma moitié.e), je ne me suis pas sentie jugée. Zina Hamzaoui reste professionnelle tout en restant bienveillante, pudique et accessible à tous. Je souhaite juste faire une petite remarque sur les quelques fautes de frappe du livre mais elles ne m’ont pas trop dérangée en soi.
Ses podcast, Intime connexion offrent une version extended à Chut, Hchouma. Même si parfois, mes vieux démons peuvent refaire surface, je pense aux côtés positifs tout en me concentrant sur mes envies et ce à quoi j’aspire sexuellement sans devoir me comparer aux autres, à me mettre des pressions et surtout, flatter bêtement mon égo.
En tout cas, merci Zina et c’est avec plaisir que je relirais ton livre (et le conseille vivement) !
La suivre
Zina Hamzaoui est dispo sur Instagram (Co_Naissance) mais propose également des ateliers en Belgique. Elle reçoit en consultation en cabinet ou à distance. Ne s’arrêtant pas qu’à la sexologie, elle accompagne également les couples mariés et les futurs parents. Un vrai couteau suisse !
Ah oui, le livre est désormais disponible en néerlandais !
• L'univers de Nana Coubo • 
C’est vrai qu’on parle souvent de softpower pour les jeux vidéo par exemple mais on sous estime le « softpower pas si soft » qu’est le porno et qu’il représente 20-30% des sites internet!
Tu tiens (et elle tient) un truc car c’est du temps de cerveau.
C’est vrai qu’on est à l’époque de toutes injonctions surglacées par le concept de liberté aha
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En plein dans le mille ! Et ça touche dans n’importe quel domaine aussi. Après si on sait faire la part des choses ou qu’on ait conscience que ce n’est pas vrai ou que c’est des fantasmes irréalisables, je dis pas, mais en effet avec le porno c’est fou comment des gens veulent reproduire des choses qu’on voit ! Quand j’en consommais, je te dis pas les choses que j’ai pu voir et de la manière dont les gens sont prêts à transgresser (et encore j’ai pas été trop trop loin). Le dernier truc m’a suffisamment rendue sale. C’était une sonnette d’alarme.
Et oui, parce que la liberté est propre à chacun mais il faut apprendre à cerner ses limites (et tout à une limite de toute façon) !
Je suis contente de ton retour, merci beaucoup 😀 !
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