Film Persepolis de Marjane Satrapi

Persepolis de Marjane Satrapi – Le cinéma de Nana #3

(Désolée pour cette pause si soudaine pour cause de problèmes personnels)

Beaucoup d’entre nous adorons les Disney, Ghibli ou encore les DreamWorks. Pourtant, l’Europe et restes du Monde regorgent de beaux films d’animations tous aussi géniaux que nos équivalents japonais ou américains. La France ou encore la Belgique ne sont pas avares en films d’animation comme la série des Asterix, Kirikou et la Sorcière ou encore Mune et le gardien de la Lune. Ces films regorgent de belles morales, poussent à la réflexion, enchantent ou encore racontent une histoire qu’elles soient vraies ou fictives. Et bien évidemment, ils sont autant pour les grands que les petits pour certains.

De quoi ça parle ?

1978, juste avant la Révolution Islamique. Petite fille de 8 ans, Marjane vit une vie pleine de rêves et de projets futurs avec sa famille à Téhéran. Elle sera témoin des manifestations du peuple contre le régime du Shah d’Iran. Toute la famille est ravie que l’empire soit dissoute et espère une vie plus tranquille mais une fois la République Islamique instaurée par l’Ayatollah Komeini, c’est une toute autre vie qui les attend. De nouvelles lois et règles strictes sont instaurées, des commissaires de la révolution surveillent les tenues et comportement des iranien.nes. Issue d’une famille moderne et cultivée, c’est un changement radical que la petite Marjane subira mais également la guerre, la perte de ses êtres chers et autres situations difficiles.

Issu de la bande-dessiné autobiographique du même nom de Marjane Satrapi, le film sort le 27 juin 2007 en France et sortira un peu plus tard durant le reste de l’année dans quelque pays du Monde. Co-réalisé et co-scénarisé avec Vincent Paronnaud, avec qui l’autrice avait déjà travaillé dans son film Poulet aux prunes, le film est presque entièrement en noir et blanc. Persepolis s’est vu gagner le Prix du Jury au Festival de Cannes 2007 et a été nominé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film d’animation 2008 (mais a été remporté par Ratatouille des studios Disney-Pixar).

Le film a été interdit de projection au Liban. Tarek Mitri, le Ministre de la Culture libanais d’alors à voulu faire lever cette interdiction ; chose qui sera faite par la suite.
En Tunisie, c’est un tout autre scénario. Suite à sa diffusion sur la chaîne Nessma, environ 200 personnes ont voulu incendier l’immeuble de la chaîne et d’attaquer le domicile de son PDG.
Ayant pourtant obtenu un visa d’exploitation par le CCM (équivalent marocain de la CNC), la Cinémathèque de Tanger l’a discrètement déprogrammé et l’a remplacé pour deux autres films.
Le président de l’Iran de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad a jugé et condamné le film d’anti-iranien et islamophobe malgré sa censure.

Au niveau du casting des voix, Chiara Mastroianni (Prêt-à-porter) prête sa voix à la jeune et adulte Marjane (Gabrielle Lopes donne la sienne à la Marji enfant), sa mère Catherine Deneuve, qu’on ne présente plus, et Simon Abkarian (Casino Royal) interprètent les parents. Le rôle de la grand-mère est un des derniers rôles de Danielle Darrieux (Les demoiselles de Rochefort). Sophie Arthyus, voix récurrente de Jennifer Love-Hewitt, s’occupe quant à elle des voix additionnelles. Bédéiste, illustratrice et réalisatrice de films, Satrapi ajoute une autre corde à son arc en doublant la Frau Doktor Heller.
Dans la version anglophone, Si l’attribution des voix de l’héroïne et de sa mère ne changent pas, le père y est alors interprété par Sean Penn (Mystic River), Gena Rowland (The Nootbook, The Alfred Hitchcock Hour) dans la peau de la grand-mère et pour finir, Iggy Pop a été choisi par Satrapi elle-même pour son cher oncle Annouche.

Olivier Bernet, compositeur attitré des films de Satrapi, compose alors pour la première fois la bande-son d’un film. Chiara Mastroianni reprend donc Eye of The Tiger en prenant volontairement une voix fausse dans la version du film. Gole Yahk est chanson iranienne de Kourosh Yaghmaei qui devait figurer dans le générique de fin mais comme il se posait des questions concernant les droit d’auteurs, le morceau ne figure que sur le CD. Elle est chantée par Satrapi elle-même.
Dans la scène où Marjane écoute un morceau de Iron Maiden, ce n’est pas réellement une chanson du groupe. Pour les besoins des droits d’auteurs, le compositeur a décidé de, je cite, « faire du Iron Maiden ».
Ne voulant absolument pas faire de la World Music pour la BO, c’est un joli melting pot de genres que nous offre Bernet (oriental, rock, folk entre autre).

Qu’est-ce que j’en pense ?

Je me souviens de l’affiche du film qui était sur le mur d’une des salles de ma formation à l’École de la 2e chance de Cergy. Le style d’illustration m’intriguait, l’air pensif voire nostalgique du personnage au grain de beauté également. J’avais bien évidemment vu quelques extraits à la télé mais je ne l’avais encore jamais vue jusqu’à 2015 je pense.
En plein visionnage, j’ai adoré du début à la fin. A chaque fois que je regarde Persepolis, je suis frustrée de sa courte durée… du moins, j’en ai l’impression. Je ne vois pas le temps passer. Je ne m’ennuie jamais, je suis toujours aussi plongée dedans.

Je ne sais pas pour vous, mais franchement, je la trouve hyper classe ♥

On est dans la peau de Marjane de son enfance jusqu’à son exil en France et voyons à travers son point de vue la Révolution Islamique ainsi que la vie des iranien.nes une fois la nouvelle république théocratique instaurée par Khomeini. Malgré les thèmes graves du film, le ton y est très léger, drôle, frais, poétique même et pas moins touchant (surtout la fin).

J’ai été prise d’affection pour la grand-mère de Marjane. Elle était très aimée par sa petite-fille et ça se sent. Son côté grande-gueule et moderne, son franc parler et possédant de grandes valeurs morales, Marjane tien tout ça d’elle je pense. C’était une mamie rock’n’roll !
La Guerre et la mort n’y sont pas seulement évoqués. Le racisme, la dépression, le suicide, la solitude, les désillusions multiples font partie du lot. Du côté des thèmes plus fleuris, l’amour, les liens familiaux, l’importance de l’intégrité et le féminisme sont également de la partie.

Le film ne fait pas dans la politique contrairement à ce qu’on pourrait penser et même si elle y est représentée, il faut bien un contexte à la vie de l’autrice. Pourquoi ses parents ont voulu l’envoyer vivre à Vienne ? Pourquoi elle s’est mariée « tôt » avec son petite copain à l’époque ? Pourquoi elle ne revient plus en Iran depuis ?

J’aime beaucoup la bande son du film mais quel dommage de pas la voir apparaître sur Spotify. Même sur Youtube, la plupart des morceaux sont bloqués en France.

Bref, c’est un de mes films d’animations préférés je pense et il m’a donné envie de lire la BD ainsi que je lire et regarder les autres œuvres de Satrapi.

Oncle Annouche et la petite Marji joliment représentés en cygnes fait en mie de pain

Sources:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Persepolis_(film)
https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/03/26/le-film-d-animation-persepolis-interdit-au-liban_1027736_3246.html#UKYRT8TmPHLGCkPI.99
https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-cinema/20120715.RUE1246/persepolis-deprogramme-en-loucede-d-un-festival-au-maroc.html
https://www.cinezik.org/compositeurs/index.php?compo=bernet

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